2017, l’enjeu de la formation.

Formation ! La Legion touch, c'est le choix délibéré de la souplesse d’un « système de formation » contre une « ingénierie de transmission du savoir » …

 

Publié le 02/06/2017 à 07:45 | DRP

Suite au remaniement du Ministère de la Défense de 2015, et l’identification, pour l’armée de Terre, d’un objectif de déploiement d’une force opérationnelle projetable de 77 000 militaires pour atteindre le modèle « au contact », la Légion étrangère a reçu pour mission de constituer 12 des 33 unités élémentaires supplémentaires. Nous l’avons vu, cette montée en puissance  représente plus d’un tiers de l’effort global de l’armée de Terre.

L’état-major du commandement de la Légion, stationné à Aubagne, a cadencé cette manœuvre en deux temps : recruter massivement (effort 2015) et organiser la montée en compétence (effort 2017).

 

 Une manœuvre cadencée

 

La première phase en 2015-2016, consistait en une mobilité interne importante vers la 13 DBLE, doublée d’un recrutement massif au profit de toute la Légion. Le point d’acmé du recrutement a été clairement identifié en 2015, avec 1800 engagés sur le plan de recrutement annuel. C’était le rendez-vous majeur du groupement de recrutement de la Légion étrangère (GRLE). La 13DBLE qui défila le 14 juillet 2016 comme symbole emblématique de cette remontée en puissance, a été ainsi densifiée grâce à l’effort des régiments Légion de la FOT (49% de l’effort) et par les régiments du socle Légion : GRLE / 4RE (39% de l’effort).

 

 

En 2016-2017, deux ans après le début de cette remontée en puissance et l’affectation des jeunes engagés dans les régiments, c’est mathématiquement une arrivée massive de légionnaires recrutés en 2015, qu’il faut former aujourd'hui. Parallèlement, il faut densifier le taux d’encadrement et remettre en équilibre les spécialités au sein des nouvelles compagnies, mais plus globalement au sein des régiments de la FOT (essentiellement 2REI et 2REP) « appauvris » pour pouvoir immédiatement reconstituer la 13DBLE avec toutes les spécialités nécessaires à sa capacité opérationnelle. Le 4RE accuse donc la double inflation de l’injection continue d’EVLE et de la hausse spectaculaire de la formation de spécialistes. « Il faut savoir, car le savoir crée le pouvoir d’agir » disait le maréchal Foch. Ce régiment, creuset de la Légion, aurait pu en faire sa devise. Ecole d’intégration des jeunes légionnaires, de formation des spécialistes, et école des sous-officiers de la Légion étrangère, il est à la source de la cohérence de toute la Légion et à la poignée d’éventail de la capacité d’agir des régiments. En défilant sur les champs Elysée en 2017, avec de jeunes EV et des spécialistes plus anciens, il portera l’image d’une Légion jeune, professionnelle et pleinement investie dans la remontée en puissance de la FOT.

 

Qui répond au besoin

 

L’enjeu est affiché sans détour par l'état-major du COMLE : « la manœuvre réussira complétement si le plan de formation 2017 est réalisé à 100% ». Il faudra former, cette année, presque 2000 stagiaires sur quelques 60 formations différentes, sur des durées de  3 à 12 semaines. Les douze unités supplémentaires créées devront avoir leurs spécialistes auxiliaires sanitaires, leurs transmetteurs, leurs mécaniciens ou conducteurs (1395 permis de conduire), afin de garantir une capacité de projection opérationnelle immédiate.

 

 

L’impératif majeur reste de répondre aux besoins des régiments des forces en préservant une part importante et prioritaire au savoir opérationnel et en s’inscrivant résolument dans la logique de performance de l’armée de Terre ! La relation directe avec les régiments est la règle pour conserver réalisme et pertinence. Deuxième impératif : préserver la qualité de la formation ! Une attention toute particulière est toujours portée à la formation des jeunes légionnaires. Il ne s’agit pas simplement d’instruire des soldats, mais aussi d’intégrer des hommes venus de tous les pays à la collectivité que constitue, au sein de l’Armée française, la Légion étrangère. Les niveaux seuils exigés doivent être maintenus pour garantir l’existence d’un vivier qui fournira les futurs cadres de la Légion étrangère. Ce label qualité est également garanti pour les formations destinées aux gradés et aux cadres. Il s’agit, en 2017, de former 700 caporaux et un volume de 200 sous-officiers, là où la Légion formait 450 caporaux et une petite centaine de sous-officiers jusqu’en 2014. Ces derniers acquièrent les connaissances fondamentales nécessaires à l'exercice de leur premier emploi opérationnel comme chef de groupe. C’est l’ossature de la Légion qui est ici en jeu et le plan d’encadrement des corps de la FOT. La Légion engage ici son gabarit futur. Et c’est également vrai pour les formations des spécialistes qui connaissent une hausse de volume de + 32%.

 

 

Avec la touch légion

 

Le chef de corps du le 4e régiment étranger est conscient de la tâche à réaliser et n’hésite pas à  affirmer que le régiment y arrivera tout en préservant un niveau de qualité élevé pour ses formations initiales, de spécialistes, et des cadres. Quoiqu’il advienne, il garde le cap sur trois objectifs : « intégrer et éduquer le légionnaire, spécialiser les plus anciens,  doter la Légion d’un encadrement de qualité ». S’adapter, être pragmatique, travailler plus, la Légion sait le faire. Il n’est pas question, dans l’esprit du chef de corps, que le goulot de la formation soit un obstacle à la réussite de la mission globale. En terme militaire, il sera présent et à l’heure sur la ligne de débouché.

 

 

La Légion privilégie la transmission d’un savoir indispensable à l’intelligence de situation, à base de drill et de debriefing, plutôt que des cours magistraux. C’est le choix délibéré de la souplesse d’un « système de formation » contre une « ingénierie de transmission du savoir » …  Idriss J. Aberkane dans un article paru dans le Point montrait comment « L'école 42 », fondée par Xavier Niel, s’était inspirée de ce système de formation Légion avant d'être classée comme la plus performante au monde. « C'est l'épreuve du monde réel », dit-il avant d’ajouter : « Si ça marche, on garde, si ça ne marche pas, on arrête. »

La performance et la souplesse: voilà le couple indissociable à la réussite du plan de formation dont dépend la remontée en puissance de la Légion étrangère !

 

La montée en puissance en chiffres

 

 

 

 

 

 Droit Légion étrangère 2017©BRN

 

| Ref : 535 | Date : 02-06-2017 | 38898