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Képi blanc n° 880 : SAPEUR D'ASSAUT

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| 20 Novembre 2024 | 1434 vues

Editorial du général Cyrille Youchtchenko, commandant la Légion étrangère

“La vie à la caserne / N’a rien de tentant,

En ce qui nous concerne, / Ça ne dure jamais longtemps

On nous donne des vieux bâtiments, / On les retape et on fout le camp”.

À la manière de son aïeul romain et comme nous le rappelle le chant de “Chez nous au troisième”, le Légionnaire bâtit autant qu’il combat.

Où la Légion combat, le régiment ouvre la voie.

Réduire le génie à cette partie visible et essentielle de l’ouvrage est une tentation fréquente. Y céder serait méconnaître que la sophistication croissante des moyens de la guerre terrestre a rendu indiscutable le besoin de créer des unités de génie d’assaut, et ce, dès le sortir de la Seconde Guerre mondiale. La Légion étrangère n’échappe pas au constat mais, pour être le premier, il fallait attendre. Le 6e Régiment étranger de génie (6e REG), régiment de génie d’assaut de la 6e Division légère blindée (DLB) et de la Force d’action rapide (FAR), est finalement créé en 1984. Il hérite alors des traditions du 6e Régiment étranger d’infanterie, “régiment du Levant”.

La vocation de sapeur d’assaut est immédiatement ancrée dans l’histoire du 6e Régiment étranger de génie. Six mois après sa création, sa première section est déployée en Centrafrique dans le cadre des Éléments français d’assistance opérationnelle (EFAO). L’opération Épervier, en 1987, verra le baptême du feu du 6e REG qui connaîtra son premier mort au combat, le sergent-chef Stevo Panic, ainsi que ses premiers blessés, le sergent Mitchell et le légionnaire de 1re classe Riber. Depuis, le régiment n’a pas connu une année sans déploiement opérationnel et a participé à toutes les opérations de son temps : des temples khmers du Cambodge (1992) aux sables du Mali, en passant par les regs de l’Érythrée (2001), les tempêtes du désert (1991), les plateaux de Somalie (1993), les mille collines du Rwanda (1994), les montagnes de l’ex-Yougoslavie (1992), du Kosovo (1999) ou les vallées afghanes. Le 6e REG est rebaptisé 1er REG en 1999, lors de la création d’un second régiment étranger de génie. Viennent alors les déploiements et la bande sahélienne. La fibre du régiment demeure. Où la Légion combat, le régiment ouvre la voie.

Ad Unum : jusqu’au dernier !

Cette légitime fierté d’un passé glorieux ne va pas sans une orientation déterminée vers l’avenir. Le 1er REG innove et se projette. Le génie est une arme technique et, comme dans toute arme technique, être à la pointe de la modernité est une des conditions pour dominer le champ de bataille. Dans le Golfe, les sapeurs d’assaut mettaient en œuvre les matériels de déminage les plus récents pour le succès de la Division Daguet. De nos jours, le 1er REG est pleinement intégré dans le combat SCORPION. Cet été encore, lors des Jeux olympiques de Paris, il a mis en œuvre la toute nouvelle embarcation fluviale du génie (EFG). Mais innover n’est pas qu’une affaire de matériel, c’est avant tout un état d’esprit. L’esprit pionnier irrigue aussi une réflexion tactique qui s’est enrichie au fil des générations et fait figure de moteur de l’arme du génie.

Célébrer les 40 ans de la création du 1er REG, c’est rappeler la complémentarité essentielle des régiments étrangers qui œuvrent sous la grenade à sept flammes. Une synergie qui permet à la Légion de s’engager au combat, comme un seul homme. Depuis 1984, le régiment met ses baïonnettes et ses savoir-faire au service d’un combat interarmes qui fait la force des GTIA de Légion, que ce soit sur les pitons d’Afghanistan, dans les sables du désert malien ou pour l’aide aux populations (Pakistan, Vallée d’Aoste en Italie, Indonésie, Syrie et toutes les tempêtes sur le territoire national...).

Dans son adresse du 1er juillet 1984, jour de la création du 6e REG, le général Jean-Claude Coullon, COMLE, avait indiqué la marche à suivre du tout jeune régiment : “Votre avenir est maintenant de forger un nouvel outil pour le combat moderne : un régiment de génie d’assaut. Dans cette tâche exaltante, vous avez le devoir de montrer l’image d’une Légion jeune et ardente, attentive aux évolutions, dont l’ambition est, toujours, d’être exemplaire.” 40 ans après, le 1er REG a pleinement relevé le défi.

Longue vie aux sapeurs d’assaut de la Légion. Ad Unum : jusqu’au dernier !