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Le symbole de tous les combats héroïques

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| 15 Avril 2024 | 1142 vues

 

Combat héroïque pour certains, défaite magnifique pour d’autres, défaite tactique et ictoireopérative pour les théoriciens de la guerre, la littérature autour du combat de Camerone est abondante. Képi blanc, ce mois-ci, dans un dossier exhaustif, vient la compléter. Au-delà du contexte géopolitique, des combats à un contre cent et de l’héroïsme, il faut retenir que les légionnaires, fi dèles à leur serment, alors que tous leurs offi ciers étaient tombés, ont continué à se battre jusqu’au bout.

Commémoré à l’initiative d’un lieutenant en 1906, Camerone est le symbole de tous les combats héroïques de la Légion de Tuyên Quang à El Moungar, Bir Hakeim, Phu Tong Hoa, Diên Biên Phu et plus récemment Tombouctou. C’est aussi la toile de fond qui accompagnera le légionnaire tout au long de sa vie et qui lui rappellera qu’il a promis de servir avec Honneur et Fidélité, le jour où il a coiffé son képi blanc.

Il y a 70 ans, Diên Biên Phu tombait après un affrontement dantesque où la fatigue, la boue, le sang, la mort mais aussi la fraternité d’armes étaient quotidiens. La chute du camp retranché sonnait le glas de la présence française en Indochine où la Légion était présente depuis 1883. Ils sont moins d’une soixantaine de survivants aujourd’hui. Ils étaient soixante trois à Camerone. Tous se sont battus, fidèles à leur serment de servir la France, jusqu’au bout, à tout prix. Les survivants valides et disponibles de l’Indochine seront à Aubagne, au pied du monument aux morts pour honorer la mémoire des héros de Camerone et celle des 12 602officiers, sous-officiers et légionnaires tombés en Indochine. Entourés de la Légion d’active, des régiments et bataillons de Légion ayant combattu à Diên Biên Phu, ils seront trois pour remonter la voie sacrée et représenter l’ensemble de leurs frères d’armes.

Le colonel Grué, ancien chef de section au 3e REI, combattant sur la RC4, à Dong Khê et survivant du camp n°1, portera la main du capitaine Danjou. Il représentera les officiers ayant combattu en Indochine. Les sous-officiers le seront par le major Helferstorfer, ancien du 2e REI et du 5e RE en Indochine et ancien président des sous-officiers du 1er RE. Le légionnaire de 1re classe Bosy, ancien des compagnies de génie Légion et ayant effectué trois séjours en Indochine, représentera tous les légionnaires. Il incarnera aussi l’hommage que la Légion rendra, cette année, aux sapeurs légionnaires des 1er et 2e REG qui fêtent respectivement les 40 et 25 ans de leur création. Tous deux ayant servi au 5e RE, c’est aussi un symbole alors que le 5e RE va renaître à Mayotte, en remplacement du DLEM, le 1er juillet 2024.

Désigner celui qui aura l’honneur de porter la main du capitaine Danjou le 30 avril à Aubagne, n’est pas aisé. Seuls 74 porteurs ont eu ce privilège depuis 1947, date à laquelle un officier supérieur de la maison mère y a été assigné pour la première fois. Si de nombreux Anciens méritants, à l’image du commandant Bernard Amet, ont disparu trop tôt pour en faire partie, des hommes valeureux se sont succédé, du simple légionnaire symbolisant “le culte sacré de la mission”, au président dessous-officiers de la Légion désigné lors du confinement de 2020, ou bien encore les inspirants chefs de bataillon Cabiro, Faulques, Morin et Hubert Germain, le dernier des Compagnons.

Parmi les rescapés, la figure du colonel Grué s’est imposée car, au-delà de son courage au combat sur la RC4, de sa résilience en captivité au camp n°1 et de l’amour qu’il portait à ses légionnaires, son expérience relatée dans “L’espoir meurt en dernier” est édifiante pour tous ceux qui exercent des responsabilités, qu’ils soient civils ou militaires. Cette leçon apprise dans l’adversité est une remarquable règle de vie que je vous partage : “Outre la chance et la santé, il faut avoir la volonté tenace de vivre et de lutter (…), envers et contre tout et tous. Il est indispensable d’avoir au cœur un feu qui brûle sans cesse, une passion qui donne un sens et un but à la vie, une étoile qui nous guide, un beau et grand projet, exaltant, futile, aléatoire, qui nous font, sans cesse, rebondir vers l’avenir, (…), qui nous poussent à avancer quand nous avons envie de nous coucher (…). C’est cela, l’espoir qui fait vivre. C’est cela aussi, la magie du rêve qui encourage et nourrit l’action dans les moments les plus désespérés. Les plus belles entreprises sont nées d’abord dans le rêve. Et je suis maintenant persuadé que ces conditions sont valables tout au long de la vie, en toutes circonstances, à tous les âges, pour chacun de nous, car, si la guerre vient à prendre fin, la lutte pour la vie, elle, continue tous les jours, dans l’ombre et le secret, plus difficile, plus longue, plus ingrate encore que le combat dont il vient d’être question, parce qu’alors nous sommes seuls à la mener”.

Joyeux Camerone, “More Majorum” !

 

Le général commandant

la Légion étrangère