"Le président de la République doit se rendre vendredi à Castelnaudary. Les nouveaux légionnaires passent par ce régiment d'instruction pour y apprendre notamment la langue française."
Par Franck Cognard | publié le 12/03/2021 à 06:20 | France Info
Les nouvelles recrues de la légion étrangère en cours de français, à la ferme de Bel Air, près de Castelnaudary (Franck COGNARD / RADIO FRANCE).
Emmanuel Macron s'est rendu à Toulouse et dans sa région le vendredi 12 mars 2021. C'était 'occasion de remettre des décrets de naturalisation française à des légionnaires, à Castelnaudary, où est installé le 4e régiment étranger, régiment d'instruction de la Légion. C'est par là que passent obligatoirement tous les légionnaires. À l'arrivée d'un nouveau groupe, l'un des premiers rendez-vous de la formation initiale de quatre semaines est le cours de français. "Si un Népalais, un Géorgien et un Latino peuvent le faire, tout le monde peut le faire", lance un instructeur.
Ce cours a lieu à la ferme de Bel Air, un bâtiment au milieu de la campagne, pas très loin de Castelnaudary. L'objectif est de maîtriser 500 mots de français en quatre mois. Dès le premier jour, il est de toute façon interdit de parler sa langue d'origine. C'est comme ça. Il s'agit d'une figure imposée. Les recrues sont supervisées, ce jour-là, par le lieutenant Vincent, Ukrainien d'origine : "Quand on arrive à la légion étrangère, il y en a beaucoup, comme moi, qui ne savent pas parler français. Pour pouvoir rester à la légion et continuer de vivre en France, cela passe d'abord par l'apprentissage de la langue."
La langue française est l'un des creusets de la Légion étrangère ; un autre est la discipline, évidemment. "Si ça ne rentre pas par la tête, ça rentre par le muscle", rigole le sergent El Hadj. "Quand on sort de la légion pour en partir en vacances, nos familles nous voient différemment, explique le sergent. Tu as grandi, il y a quelque chose qui a changé en toi, ton caractère. Tu t'es réveillé plus tôt, tu ranges ta chambre, etc." Pour le commandant Emmanuel, "le légionnaire supporte plein de choses, mais la seule chose qu'il ne supporte pas, c'est l'injustice. Or, le meilleur moyen de mettre tout le monde sur le même pied d'égalité, c'est la discipline."
"La discipline est source d'équité. Et justement, que vous soyez d'un milieu extrêmement misérable ou non, que vous soyez un simple manutentionnaire ou un ancien ingénieur en physique nucléaire, que vous ayez la trentaine ou la vingtaine d'années, que vous sachiez parfaitement parler français ou pas du tout, vous êtes soumis à la même discipline.", confie le commandant Emmanuel à France Info.
La réussite de la Légion, et ce qui intrigue, c'est de prendre des étrangers déracinés et d'en faire des soldats prêts à mourir pour un pays qui n'est pas le leur. À la fin des années 1980, deux légionnaires - l'un anglais, l'autre argentin - se sont retrouvés côte à côte, avant de s'apercevoir que, quelques années avant, l'un avait été le prisonnier de l'autre durant la guerre des Malouines. "Quand je suis arrivé à 17 ans à la Légion étrangère, j'étais un lycéen qui n'avait rien, explique le lieutenant Vincent. Au bout de vingt ans de service, la France et la Légion étrangère m'ont donné une famille - la Légion -, et une famille civile, c'est-à-dire mon épouse et mes enfants. J'ai pu acheter une maison et avoir une voiture. Tout ce que j'ai actuellement, c'est grâce à la France."
"Celui qui n'est pas volontaire, la porte est là-bas !", lance un instructeur aux recrues. Chaque année, le 4e régiment étranger de Castelnaudary accueille en moyenne 1 500 nouveaux légionnaires.