Officiers, sous-officiers, caporaux-chefs, clairons et légionnaires, je prends aujourd’hui le commandement de Légion étrangère avec émotion et fierté. Je mesure l’honneur qui m’est fait, d’être le commandant d’une institution forte et admirée.
La Légion est aujourd’hui forte de son passé glorieux.
Nos drapeaux et étendards, devant lesquels je m’incline avec respect, nous ouvrent la voie, sur les champs de bataille comme à la parade.
Nous y puisons notre devise inscrite en lettre d’or : Honneur et Fidelité. L’honneur et son code qui nous dicte notre devoir ; la fidélité, inséparable de l’esprit de discipline, qui exige le respect de la parole donnée.
Nous y trouvons la manière, faite de gloire et de sacrifice. Derrière les décorations et les noms de bataille, à commencer par celui de Camerone 1863, inscrit sur tous nos emblèmes, se dresse la multitude de nos anciens qui ont exécuté la mission jusqu’au bout, au péril de leur vie. Par l’héritage légué, ils ont bâti la Légion d’aujourd’hui. Ils nous donnent l’élan, l’envie de rejoindre les rangs et d’aller plus loin. C’est l’exemple du colonel Gabriel Chauvet, dit “big boy”, honoré le mois dernier aux Invalides. Ce combattant infatigable, sept fois cité, sept fois blessé est en définitive victorieux d’avoir été “jusqu’au bout”. Ses obsèques furent l’occasion de ma première représentation en tant qu’officier général et j’y vois un symbole chargé de sens. À travers lui, ma pensée va à tous ceux qui ont versé leur sang avec honneur et fidélité au service de la France, à tous nos blessés qui luttent pour retrouver la santé et la paix et enfin, à tous les légionnaires engagés en opérations qui vivent plus intensément ce pour quoi la Légion existe.
À votre tête, avec vous, légionnaires de tous les pays, nous saurons poursuivre la route ouverte il y a presque 190 ans, par nos anciens. More Majorum.
La Légion est belle et admirée pour son identité unique.
Elle nous dépasse, elle est ce mystère permanent que l’on sert, du légionnaire dernier engagé au général dernier nommé, avec humilité, sans retenue et avec une profonde affection. Nouveau père Légion, à la suite de tous ceux qui m’ont précédé et à qui je rends hommage pour leurs actions, en particulier mon prédécesseur, le général de division Denis Mistral, il me revient de veiller sur l’âme légionnaire. Elle se distingue, selon Georges d’Esparbès, par le regard et l’allure. Cette âme est singulière, faite de cohésion, d’attention aux autres, de générosité, d’élégance, de justice, d’exigence, d’excellence et de bien vivre, de facultés d’adaptation et d’innovation aussi… bref d’esprit de corps. Cette richesse d’âme, sans laquelle rien de grand n’est possible, n’a qu’un seul but :l’efficacité au combat et, au-delà, la victoire.
Avec vous, hommes de toutes les patries et d’une seule patrie, la Légion, avec la confiance de nos chefs qui nous connaissent bien, mais aussi avec tous nos amis qui ont si bien compris l’âme légionnaire, nous relèverons les défis qui nous attendent. La Légion de demain devra rester ce roc, sur lequel les autorités de notre pays savent pouvoir compter. Elle devra s’adapter pour répondre, à sa place, à l’extension des champs de conflictualité. Constamment fidèle à l’esprit du culte de la mission, elle s’intégrera avec ses atouts et son imagination, dans le plan stratégique du chef d’état-major de l’armée de Terre. J’aurai l’occasion de développer ce point prochainement.
Conscient de mes responsabilités, je suis fier d’être votre chef.
Avec détermination et enthousiasme, car je sais pouvoir compter sur chacun, je vous dis :
En avant, toujours en avant !
Vive la Légion, au service de la France.
Général Alain LARDET,
commandant la Légion étrangère
(Editorial du magazine Képi-blanc N° 834)