Parce que chaque légionnaire s’engage à servir la Légion étrangère et non pas spécifiquement un de ses régiments, la Maison-mère, à Aubagne, en coordination étroite avec les chefs de corps des régiments étrangers, fait face à un défi permanent pour gérer et administrer le personnel servant à titre étranger : faire coïncider les capacités et les aspirations de chaque légionnaire avec les besoins de l’institution. Ce principe était déjà celui qui guidait l’action du général Rollet lorsqu’il fit proposer à la direction de l’infanterie les bases de la nouvelle organisation du 1er REI en 1925. L’idée de “dépôt commun”, intégrant en outre la partie instruction initiale des recrues envoyées à Sidi-Bel-Abbès, était née.
Du côté des aspirations des individus, il y a la durée du contrat, le choix d’un régiment, celui d’une spécialité ; une fois devenu plus ancien, le légionnaire qui a fondé une famille fait souvent entrer celle-ci dans l’équation. Et du côté du besoin de l’institution, on trouve des référentiels en organisation à remplir, la durée des formations, la sélection demandée par certaines expertises et bien sûr, l’impératif pour notre institution que chaque régiment de la force opérationnelle terrestre ou d’outre-mer soit au rendez-vous de l’excellence opérationnelle.
À l’horizon 2025, les enjeux à venir sont nombreux. La Légion s’adaptera et accompagnera les évolutions.
Nous devons avant tout veiller à ce chaque légionnaire soit traité de la même manière en termes de droits, quel que soit le régiment d’affectation ou l’organisme d’administration. La mise en place du groupe administration, droits individuels et pensions de la Légion étrangère (GADIPLE) qui verra le jour en 2020, permettra d’accompagner la transformation du Service du Commissariat des Armées tout en apportant l’assurance d’homogénéité de traitement de la solde des militaires servant à titre étranger et le supplément de contrôle nécessaire. Tandis que l’armée de Terre se prépare à passer à son nouveau logiciel de traitement de la solde “Source Solde” et qu’une réforme des retraites se prépare, la Légion tient à être prête à appuyer les services compétents et les évolutions dans ces domaines.
Ensuite, nous devons nous assurer que tous connaissent les possibilités que peut offrir l’institution. Sur ce sujet, le dialogue entre l’intéressé, le commandement et la DRHLE doit être franc et honnête : il doit permettre à chacun de se voir offrir des perspectives claires, des ouvertures réalistes auxquelles il n’aurait pas forcément pensé, des opportunités concrètes à saisir lui permettant, s’il le faut, de rebondir dans nos rangs. Et puis aujourd’hui, un contexte économique favorable pourrait inciter certains à vouloir quitter la Légion pour tenter leur chance ailleurs. Que ceux-là sachent aussi que la porte peut rester ouverte et que la Légion examinera soigneusement toute demande de rengagement après interruption de service.
Enfin, la préparation du plan annuel de mutation (PAM) est un des points forts de l’année et nous devons avoir à coeur de progresser dans son élaboration. La Légion étrangère implique chaque légionnaire concerné, le commandement, le RRH et les gestionnaires de la DRHLE dans la recherche de la meilleure solution possible. La mobilité n’est généralement pas une contrainte pour le légionnaire et dans certains cas, c’est même un outil de fidélisation. Pour les chargés de famille, lorsque cela s’avère nécessaire et possible, les problématiques familiales font l’objet d’une attention particulière. Cette année d’ailleurs, le tempo du plan annuel de mutation sera avancé de manière notoire afi n de permettre aux familles d’avoir le temps de mieux s’organiser. Autre nouveauté : les missions de longue durée outre-mer passeront de trois à deux ans pour la plupart des postes au 3e REI et au DLEM. Grâce à cette mesure, ce sont 950 cadres et légionnaires supplémentaires qui pourront bénéficier d’un tour de service hors métropole dans les dix années à venir. Mais la Légion étrangère ne peut satisfaire chacun sur son premier choix : la vie d’un soldat est ainsi faite qu’il ne peut toujours servir dans la garnison de ses rêves et qu’à défaut d’obtenir celle qu’il aime, il aimera celle qu’il aura obtenue.
Le dossier de ce mois est consacré à la DRHLE et à ses experts : voilà un métier de passionnés, exercé pour la Légion et par la solidarité qui unit chaque légionnaire entre eux. N’oublions pas, derrière chaque légionnaire combattant, il y a un légionnaire dans un RRH ou à la DRHLE, qui veille sur lui dans l’ombre. Un jour sans doute, ils échangeront leur place pour que les aspirations du premier soient connues et défendues par le deuxième. C’est aussi cela la fraternité d’armes.
Général de brigade Denis Mistral,
commandant la Légion étrangère
(Editorial Képi-blanc Magazine N° 824)