Au début...
Au début de son existence et durant plusieurs décennies, la Légion étrangère n’était ni très visible, ni très connue. Elle ne portait pas de distinction particulière sur ses uniformes. Si certains en parlaient, c’était sous la forme de quelques romans, de souvenirs de campagnes ou de poésies. En 1885, dans son célèbre poème, “à mes hommes qui sont morts”, le capitaine de Borelli implorait d’ailleurs : “il serait temps qu’en France on se prit de vergogne à connaître aussi mal la vieille Légion…”.
Ce n’est que lorsque le progrès technique permet la démocratisation des voyages et de l’aventure, au début du XXe siècle, que la Légion étrangère commence à se faire connaître. L’attrait de l’exotisme et le mystère entourant l’engagement des légionnaires commencent à façonner l’image de l’homme sans nom et de son environnement. Avec le cinéma, les exploits du RMLE sont portés au grand public et la Légion remporte, dans l’entre-deux guerres, un franc succès grâce aux productions américaines friandes du thème du héros au lourd passé venu chercher la rédemption. C’est aussi le moment où le général Rollet œuvre pour l’image de l’institution, en imposant le képi blanc ainsi que d’autres spécificités de l’uniforme. Avec la hache des pionniers, le pas lent et les cérémonies martiales reflétant la dure discipline, le mythe prend forme et le septième art s’en empare.
La deuxième guerre mondiale permet aux auteurs et chroniqueurs de mettre en lumière le rôle des étrangers venus s’engager pour combattre l’Allemagne nazie et ses alliés. D’ailleurs, l’épopée de la 13e DBLE, unité “compagnon” qui compte elle-même 97 compagnons de la Libération dans ses rangs, est à ce titre emblématique. Mais après le conflit, la Légion étrangère est souvent objet de polémiques dans les médias, sur fond de guerre froide et de guerres de décolonisation. Depuis la fin des années 70, auréolée de la gloire des opérations Bonite et Tacaud, intégrée dans le cycle des opérations extérieures de l’armée française, elle fait l’objet de nombreux reportages et documentaires, fascinant toujours comme le montrent les nombreux projets de séries ou de films qu’elle suscite.
Aujourd’hui, comment la Légion se fait-elle connaître ?
Pour rayonner, la Légion étrangère s’appuie sur une division de son état-major organisée autour d’un centre chargé des médias conventionnels et numériques, un pôle muséal, une capacité de production image et éditoriale, sur sa Musique (MLE) et sur…chacun d’entre nous. Le pôle muséal est composé du grand musée du quartier Viénot à Aubagne, entièrement réhabilité et agrandi en 2011, possédant le label “musée de France” depuis cette date, d’un centre de documentation et d’une annexe se trouvant au sein du domaine du capitaine Danjou (IILE), à Puyloubier. En appui de ce pôle et depuis 2003, intervient la Société des amis du musée de la Légion étrangère (SAMLE), association qui contribue à l’enrichissement du musée et à son ancrage local et régional. De 2013, date de l’inauguration du nouveau musée, à 2018, 13 expositions temporaires ont été organisées par le conservateur du musée. En 2019, ce sont trois expositions qui seront proposées au public :“Légionnaires” (photographie), “Yom de Saint Phalles : More Majorum” (sculptures) et “Noël Légionnaire”. En 2018, le musée a reçu plus de 26 000 visiteurs. Quant à la Musique, héritière des musiques de la Légion et de sa musique principale, elle est aujourd’hui la seule des musiques de l’armée de Terre dont les membres sont aussi des combattants. Elle brille autant dans les concerts et les prises d’armes (quelques cinquante prestations en 2018) qu’au sein du dispositif Sentinelle.
La communication interne de la Légion, c’est avant tout le magazine Képi blanc, véritable institution depuis le 30 avril 1947 et dont l’objectif est de relater la vie de nos unités. Le journal est toujours ce que le premier rédacteur en chef appelait de ses vœux dans le premier éditorial du premier numéro : “un organe de liaison, une lettre de famille, un journal sans politique et sans polémique”. Équipe réduite mais experte, larges contributions régimentaires pour les articles et impression externalisée : telle est la recette du Képi blanc que vous tenez entre les mains, édité à 10 500 exemplaires par mois et dont les bénéfices tirés des abonnements viennent abonder le Foyer d’entraide de la Légion étrangère. Certains le verraient bien dématérialisé : ce serait mal connaître la Légion et ses anciens, car “KB” est aussi un lien “physique et tangible”qui circule de main en main, un fond documentaire précieux,véritable journal de marche que certains relient religieusementau fil des années, et plus surprenant, un support simple,pratique et sans cesse renouvelé de l’apprentissage dufrançais aux jeunes légionnaires.
Enfin, la Légion étrangère s’inscrit résolument dans la modernité d’une communication plus directe, plus interactive. Elle anime son site Internet, récemment refondu, ainsi que les réseaux sociaux Facebook, Twitter, Instagram, YouTube ou encore LinkedIn. En 2018, c’est une nouvelle audience vers plus de 35 millions de personnes, tous publics confondus, qui ont suivi ainsi quotidiennement les aventures de nos légionnaires. Le vœu du capitaine de Borelli est aujourd’hui quasiment exaucé…
par le général de brigade Denis Mistral, commandant la Légion étrangère
Editorial Képi-blanc Magazine 820