“Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir.” Le maréchal Foch nous incite à nous rappeler le sacrifice de nos Poilus.
En 1918, un an après avoir été décoré de la croix de la Légion d’honneur et reçu, pour la 1re fois, la fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur, le Régiment de marche de la Légion étrangère, aux ordres du lieutenant-colonel Rollet, est décoré de la médaille militaire pour ces faits d’armes héroïques :
- le 26 avril, au Bois de Hangard, il brise la marche des Allemands sur Amiens. Perdant plus de 800 des siens il obtient sa 7e palme ;
- fin mai, il contient les assauts de l’ennemi sur ses positions de la Montagne de Paris ;
- le 12 juin, il anéantit les efforts d’une division allemande tout entière à Amblény et Saint-Bandry ;
- en juillet, à l’Est de la forêt de Villers-Cotterêts, en offensive et avec l’appui des chars Renault, il fait 450 prisonniers. Perdant 780 hommes, il obtient sa 8e palme ;
- le 14 septembre, après 12 jours d’une lutte épique qui lui permet d’ouvrir une large brèche dans l’un des secteurs les mieux organisés de la défense en profondeur allemande, il rompt la Ligne Hindenburg sur le plateau de Laffaux, capturant un régiment allemand entier, le célèbre “Kronprinz Wilhelm”. 275 légionnaires tombent au feu, 1 118 sont blessés. Le RMLE reçoit sa 9e palme à sa croix de guerre.
Il y a 75 ans, en 1943, les légionnaires combattent en Tunisie. Près de 400 légionnaires y meurent au combat pour la France.
1948 est l’année de la création des Bataillons étrangers de parachutistes. Le 1er mars 1948 à Dalat, la 13 perd pour la 2e fois son chef de corps au combat, le lieutenant-colonel Brunet de Sairigné. Le 25 juillet, la 2e compagnie du 3e étranger fait Camerone à Phu Tong Hoa face à 5 000 Vietminh.
Le 29 mai 1958, un autre Soleil meurt au combat : le lieutenant-colonel Jeanpierre, commandant le 1er REP, “le soldat type, le soldat pur, qui a vécu et est mort en légionnaire, avec valeur et discipline, dans l’honneur et la fidélité” dira de lui le général Gardy dans l’éloge funèbre.
20 ans plus tard, le 19 mai 1978, les légionnaires parachutistes sautent sur Kolwezi. Le sergent-chef Daniel, le caporal-chef Alliou, les caporaux Arnold et Harte, le légionnaire Clément y meurent pour la France. Vingt sont blessés.
Il y a 25 ans, en 1993, les légionnaires interviennent au sein de la FORPRONU et de l’APRONUC. Y meurent pour la France le légionnaire Benko, du 2e REP, le 12 février à Sarajevo, et le caporal-chef Curum, du 6e REG le 12 juin au Cambodge.
à tous ces morts des années anniversaires ou jubilaires, associons leurs 40 000 frères d’armes morts pour la France en servant la Légion étrangère. Souvenons-nous en particulier de ceux du 11e REI : 2 300 en quelques semaines de combat en mai juin 1940 ! En 2018, un honneur particulier leur sera rendu puisque, par décision du CEMAT, la garde du drapeau du 11e REI va être confiée au Groupement de recrutement de la Légion étrangère.
Depuis toujours, la Légion étrangère prend soin de ses blessés. Dès ses débuts, en 1833, elle met en place en Algérie des centres de repos pour accueillir ses nombreux malades et blessés au cours des différentes batailles. En 1934, ému lorsqu’il débarque un jour à Marseille par l’errance d’anciens légionnaires médaillés, cités, blessés, le général Rollet crée la Maison du légionnaire d’Auriol. Dans le même temps, d’anciens légionnaires aident, de leur propre initiative, leurs camarades après leur réforme. En 1954, la Légion étrangère fonde le domaine du capitaine Danjou, à Puyloubier, et y installe l’Institution des invalides de la Légion étrangère pour l’accueil des nombreux blessés d’Indochine, puis d’Algérie.
En 2010, dans ce même esprit de solidarité et de gratitude, le général Alain Bouquin, commandant la Légion étrangère, instaure une journée des blessés afin d’imposer aux régiments de Légion, au-delà de leur rythme d’opérations et d’entraînements, un moment privilégié pour penser à ceux qui, venus de loin, portent dans leur chair les marques de leur courage, de leur loyauté et de leur détermination au service de notre pays. Est également créée la Commission de suivi des blessés de la Légion étrangère (CSBLE), qui met en place la structure d’un conseil de famille qui veille sur les siens.
Le parcours du légionnaire blessé s’inscrit pleinement dans celui de l’armée de Terre, voulu par le CEMAT. Il agit en étroite liaison avec le Service de santé des armées et les autres organismes compétents. La Légion étrangère apporte, en amont, mais aussi dans la longue durée, un appui complémentaire qui intègre la spécificité des militaires servant à titre étranger. La journée des blessés, voulue par le CEMAT à la date anniversaire de la bataille de Solférino, est dédiée à ceux qui ont été meurtris dans leur chair, pour le service de la France. Que cette journée du 23 juin leur donne courage et espérance.
Le code d’honneur du légionnaire oblige. Particulièrement ce dernier article des devoirs du légionnaire au combat, cité en titre, et qui s’achève d’ailleurs par “ni tes armes” !
L’année 2018 sera riche en déploiements extérieurs, tant attendus après trois ans d’opérations intérieures, de montée en puissance, et de préparation opérationnelle.
Aujourd’hui, les légionnaires ont à cœur d’être toujours prêts à dire ce que répondirent, en 1960 après le combat de Beni-Smir, leurs anciens de la 1re compagnie portée du 2e étranger aux pilotes d’hélicoptères admiratifs de la bravoure
légionnaire : “ on a fait ce qu’on nous a appris dans ce cas-là, avec efficacité. Notre boulot, quoi, jusqu’au bout. On est légionnaires ! ”
Bonne année 2018 à tous !
Par le Général de division Jean Maurin commandant la Légion étrangère
(Képi-blanc Magazine N°806)