Voilà presque un an, avait lieu à Aubagne la cérémonie de transfert du drapeau de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère. La garde rentrant de Djibouti transmettait cet emblème à celle qui allait partir pour les Émirats Arabes Unis. Cette prise d'armes marquait le lancement d'une nouvelle aventure pour l'équipe qui partait vers l'inconnu. Une page s'est alors tournée pour la phalange magnifi que. Mais ce n'est pas la première fois que la 13 relève un nouveau défi.
Créée en 1940, elle se charge de gloire au cours de vingt-deux années de guerre, de Narvik à Bir Hakeim, poursuivant un périple incroyable jusqu'à la victoire avant de repartir pour l'Indochine puis l'Algérie.
Trois de ses chefs de corps meurent au champ d'honneur. En 1942, le lieutenant-colonel Amilakvari déclare "Nous, étrangers, n'avons qu'une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l'accueil qu'elle nous a réservé : nous faire tuer pour elle" Il tombe mortellement blessé quelques mois plus tard.
En Indochine, le lieutenant-colonel Brunet de Sairigné, le plus jeune chef de corps de l'armée de Terre, nommé à 32 ans, tombe lui aussi dans une embuscade.
Enfin, à Dien Bien Phu, le lieutenant-colonel Gaucher est mortellement blessé. Avant de s'éteindre, il demande au légionnaire qui le veille de lui essuyer le visage car il faut être propre pour se présenter là-haut !
La seconde époque débute pour la 13e DBLE en 1962 sur ce territoire français des Afars et des Issas (TFAI) qui deviendra la République de Djibouti. Quarante neuf années de présence lui permettent d'intervenir à plusieurs reprises dans toute la région et notamment en Érythrée, en Somalie, en République de Centrafrique, au Yémen et au Rwanda.
Avant de quitter le sol djiboutien, le drapeau est décoré de l'ordre du 27 juin par la République de Djibouti, expression de la reconnaissance des Djiboutiens pour l'action de la Légion étrangère depuis tant d'années.
L'histoire allait-elle s'arrêter là ? Le 31 juillet 2011, le drapeau, sa garde et quelques cadres découvrent leur nouvelle mission, les infrastructures et le cadre dans lesquels le régiment va s'installer.
En moins d'une année de travail, sous les ordres du lieutenant-colonel (ta) Tony Maffeis, les légionnaires ont relevé leurs manches pour transformer le camp mis à leur disposition en un lieu de vie digne de la Légion étrangère.
Et tous ces efforts ont permis d'accueillir le 4 juin dernier, le chef d'état-major des armées, le chef d'état-major de l'armée de Terre, l'ambassadeur de France et les autorités locales pour fêter le 70e anniversaire de Bir Hakeim, en présence d'un régiment se présentant de façon éclatante pour la première fois depuis son arrivée. Pour la circonstance, la Musique de la Légion étrangère et un détachement de pionniers ont dignement rehaussé le cérémonial !
Rendant ma première visite à la 13 au même moment, j'ai pu mesurer tout le travail accompli par ce régiment ! Les chantiers sont encore nombreux, mais l'ardeur est inaltérable. En parcourant le magnifi que livre d'or de la 13, paraphé par les plus hautes autorités de l'État et par de nombreux chefs militaires, le constat est simple : une troisième période de son histoire vient de débuter. Elle sera bien sûr différente des autres, mais très certainement exaltante.
Bon vent à la 13 dans cette aventure qu'elle a commencé à vivre. Une fois encore, la clé du succès réside dans la cohésion entre unités comme entre légionnaires. Longue vie à la Phalange magnifi que qui saura relever les défi s avec la même ardeur et la même volonté que ses anciens et accueillir dans ses rangs, légionnaires et unités de l'armée de Terre en mission de courte durée.
"La volonté permet de percer la pierre" me disait tout récemment un caporal-chef, résumant en une phrase un trait du caractère des légionnaires, qu'ils soient de la 13 ou d'un autre régiment de la Légion étrangère.