Avec ce numéro consacré à nos légionnaires cavaliers, la trilogie des armes composant la Légion étrangère se termine. Il manquait un horizon au combat du légionnaire. Si le sapeur est le combattant des 300 premiers mètres et le fantassin, celui des 300 derniers, cette ligne des 300 mètres se devait d’être franchie.
Partir en reconnaissance, se porter au-delà des contours mal connus du dispositif ennemi afin d’en révéler la réalité, telle est fondamentalement la caractéristique du cavalier léger. Cette mission de reconnaissance marque fortement les unités et les soldats qui s’y consacrent. À s’y exercer, les légionnaires cavaliers cultivent plus qu’ailleurs esprit d’initiative, goût de l’autonomie, sens de l’innovation et un certain panache qui n’est pas sans rappeler celui des mousquetaires. Au risque de contrarier la doctrine de l’arme blindée et cavalerie, notre légionnaire au galon blanc et au couvre képi en toile est donc le combattant des 300 prochains mètres. Faut-il chercher ici, l’aptitude toute particulière du 1er Régiment étranger de cavalerie à allier tradition et modernité et cela depuis 100 ans ?
Baptisé dans le sang en Syrie, sur les traces des Légions romaines et des Croisés, confirmé dans les sables du Maroc, le Royal étranger sera aux avant-postes pour emporter la victoire de la Tunisie à l’Allemagne, avant de s’adapter toujours et encore à de nouveaux milieux, de nouvelles missions, de nouvelles montures, de nouveaux matériels en Indochine, en Algérie, au Liban et plus récemment au Sahel. Mais pour bien répondre à cette question, je voudrais m’appuyer sur le magnifique ouvrage réalisé à l’occasion du centenaire du 1er REC : “Royal étranger 1921-2021” (1). Dans sa préface, le général d’armée Burkhard défi nit ce régiment à nul autre pareil :
“Le 1er REC est probablement trois choses : une tradition, un outil de combat et un esprit de famille… Cette sacralité de la tradition se lit dans l’attitude martiale de cette troupe rassemblée autour de son hymne, La Colonne, où tout est dit en quatre couplets : la bravoure, le sacrifice, la camaraderie et la fidélité … Puissance de feu, agilité manoeuvrière, adaptation permanente à l’évolution des conflits, voilà les qualités d’un régiment qui a traversé de nombreux engagements de notre histoire militaire… Un esprit de famille, enfin. Sens de l’accueil, éducation permanente des jeunes chefs, forte proximité entre des hommes soudés par un esprit d’équipage, participation des familles à la vie du régiment, telle est la marque de fabrique d’un esprit de corps puissant. Légionnaires cavaliers, vous êtes à l’avant-garde dans la bataille, soyez-le dans la tactique, dans l’expérimentation et dans l’innovation…”
On ne parle pas après son chef, dans notre Institution !
Au-delà de la boutade, tout est dit pour notre régiment centenaire. Cette longue citation me donne également l’occasion de remercier le général Burkhard pour son attention jamais démentie pour la Légion étrangère et pour sa bienveillance envers les Légionnaires. Ces derniers sont fiers de le voir endosser, sur les traces du général Jeannou Lacaze, le rôle de chef d’état-major des Armées, le tout premier des soldats français ! La Légion sera là demain comme hier et aujourd’hui pour répondre aux besoins des Armées.
Il me reste à souhaiter un joyeux anniversaire au “Royal étranger”. Les bougies seront soufflées le 14 juillet, sur la plus belle avenue du monde !
Général de brigade Alain Lardet
Commandant la Légion étrangère
| Ref : 744 | Date : 08-07-2021 | 9270