C’est le COL (ER) Loïc CORBEL qui a accepté de nous faire l’honneur d’être le porteur de la main du capitaine DANJOU lors de la cérémonie du 30 avril au Quartier Vienot, à Aubagne. Son passé élogieux dans nos rangs au sein des 2ème REI, BLEM,13ème DBLE, 1er RE et GILE illustre parfaitement l’Esprit de sacrifice au sein de la Légion étrangère. C'est d'ailleurs le thème choisi pour 2019.
Le général Denis Mistral, COMLE a également tenu à ce que le 2ème REG, dont nous fêtons les 20 ans, soit mis à l’honneur en participant aux cérémonies à Aubagne. Le plus jeune des régiments de la Légion s’inscrit parfaitement dans ce thème 2019, notamment au regard de son engagement en Afghanistan qui lui a valu d’être décoré de la fourragère de la croix de la valeur militaire.
Ainsi, le colonel en retraite CORBEL sera entouré sur la voie sacrée par quatre accompagnateurs :
Loïc Corbel né le 4 juillet 1928 à Rennes dans l’Ille-et-Vilaine. À 20 ans, son baccalauréat en poche, il s’engage le 5 octobre 1948 au titre de l’école spéciale militaire interarmes. À l’issue de sa scolarité militaire de base, il rejoint l’école d’application de l’infanterie le 1er octobre 1950, jour de sa nomination au grade de sous-lieutenant.
Après ces trois années d’études, il est affecté au 27e Régiment d’infanterie à Dijon en octobre 1951.
Volontaire pour servir au sein de la Légion étrangère, il rejoint le Dépôt commun des régiments étrangers à Sidi Bel-Abbès en août 1952. En octobre, il accoste au Tonkin avec ses nouveaux galons de lieutenant. Corbel est affecté au 1er bataillon du 2e Régiment étranger d’infanterie.
Le 2 novembre, il commande le détachement d’un premier échelon de vive force à Ninh Gieng, dans le Nord Vietnam où il entraîne ses hommes avec un courage remarquable à l’abordage d’éléments rebelles. En attendant l’arrivée des échelons suivants, il contraint l’ennemi à un repli précipité, livrant ainsi à nos troupes un important point de passage. Son action lui vaut une citation à l’ordre de l’armée avec attribution de la croix de Guerre des Théâtres d’opérations extérieures avec palme.
Quelques semaines plus tard, le 24 décembre, à Hung-My, il fait stopper une violente attaque ennemie lui occasionnant des pertes sévères tout en s’emparant de l’armement complet d’une section. Il est cité à l’ordre du corps d’armée avec étoile de vermeil par le général de corps d’armée Raoul Salan.
Deux mois plus tard, le 25 février 1953, il est blessé au cours de la prise du village de Dao Xa. Il est alors cité à l’ordre de la brigade.
Toujours en 1953, le 26 novembre, il est blessé alors qu’il est à la tête de ses légionnaires par balle et par éclats de mortier au cours d’un assaut près de Dong Xa. Modèle de courage et d’abnégation, il est de nouveau cité avec palme. Cette nouvelle action au feu lui vaut d’être fait chevalier de la Légion d’honneur le 29 avril 1954 sur décision de monsieur René Coty, président de la République.
En mars 1954, suite à ses blessures de guerre, il est déclaré inapte temporairement à servir dans une unité opérationnelle. Bien que non breveté parachutiste, il se porte volontaire pour être largué sur Dien Bien Phu. Sa candidature est rejetée pour des raisons médicales.
Alors désigné comme aide camp du général commandant la 2e DMT (division militaire du Tonkin), il sillonne avec la section d’escorte les itinéraires minés et barbelés, reconnaissant lui-même des passages très dangereux. Il se distingue tout particulièrement entre le 6 et le 18 juillet 1954 au cours des opérations de désengagements du saillant de Luc-Nam ce qui lui fait mériter une citation à l’ordre de la division.
En novembre, il est réaffecté au 2e REI où il prend le commandement de la 10e compagnie du 3e bataillon au Centre-Annam.
Le 9 février 1955, le lieutenant Corbel embarque sur Le Pasteur et débarque en Tunisie 14 jours plus tard. Après quelques semaines de repos, il est affecté au
2e bataillon en mai. Le 25 décembre, il est au Maroc avec son régiment et prend le commandement de la 6e compagnie. En juin 1956, son bataillon est envoyé en Algérie où il rejoint Sidi Bel-Abbès. La compagnie Corbel est d’abord désignée pour se rendre dans la région de Guelma. Fin juillet, la 6 est envoyée en Oranie pour une mission de contrôle de zone.
Le mois d’août 1956 voit la réorganisation des bataillons du 2e REI : la création des compagnies portées sur véhicules est décidée et Corbel prend le commandement de la 1re de ses unités.
Prenant part pendant une année à toutes les actions contre les bandes rebelles dans les djebels Mekter, Mzi, Mir el Djebel et Ben Smir, il va se distinguer à plusieurs reprises.
Les 12 et 13 mars 1957, il participe brillamment au dégagement du poste de Brézina en infligeant des pertes sensibles à un assaillant dans un terrain très difficile. Les 20 et 21 mars, il prend une part décisive dans une opération à Bou Noukta où il s’empare de vive force du sommet faisant 4 tués et emportant un butin important. Les 13 et 14 avril, il est aux commandes des combats de Krouadi et du djebel Bes Seba au cours desquels l’adversaire laisse 24 tués, 6 prisonniers, 33 armes de guerre et d’importants documents. Le 25 avril, dans la région d’El Rhigha, surprenant une bande rebelle, le lieutenant Corbel en fait tuer 9 et récupère 3 armes de guerre. Enfin, le 11 mai, près du djebel Benidir, il accroche un élément rebelle, lui infligeant 3 tués et capturant 2 ennemis. Pour ces multiples actions, il est cité à l’ordre de l’armée avec attribution d’une palme.
Le 1er octobre 1957, il est nommé au grade de capitaine. Brillant commandant de compagnie de Légion, Corbel se fait remarquer à chaque opération par un sens tactique développé et un courage exemplaire. Au cours des mois de novembre et de décembre, il est impliqué dans la neutralisation de fellaghas autour du poste de Brézina infligeant à l’adversaire 6 tués, mais aussi 3 agents de renseignements et 8 ravitailleurs arrêtés ainsi que 7 armes récupérées. Le 22 janvier 1958, au cours du combat du Tamedda il est blessé par balle à la jambe droite alors qu’il amenait sa compagnie à l’assaut d’un piton tenu par les rebelles. Pour ces actions comme jeune capitaine, Corbel est cité par monsieur Jacques Chaban-Delmas, ministre de la Défense nationale à l’ordre de l’armée avec palme.
Poursuivant leur mission à 430 kilomètres au sud d’Oran, dans le secteur des Arbaouat, les légionnaires du capitaine Corbel maintiennent une pression constante aux fellaghas. Le 5 janvier 1959, à la tête de son unité, Corbel se distingue à nouveau au djebel Alouat en infligeant 10 tués à l’ennemi et en lui prenant 10 armes de guerre. Le 8 avril au djebel Som, par une manœuvre plus que périlleuse, Corbel fait 4 prisonniers et s’empare d’un très important ravitaillement. Le 27 mai, au djebel El Ktev, il accroche un commando rebelle sur un terrain extrêmement difficile. Pour ces actions, il est cité à l’ordre de la division avec étoile d’argent par le général d’armée aérienne Maurice Challe.
En juillet, il est affecté au Bataillon de Légion étrangère à Madagascar où il occupe successivement les emplois d’officier sécurité et de chef du bureau opération. Ses qualités intellectuelles et ses connaissances font de lui un officier d’état-major parfaitement à sa place.
Le 2 octobre 1961, le capitaine Corbel est affecté au Bataillon de marche de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère sur la Côte française des Somalis où il prend le commandement de la 2e compagnie (qui deviendra la 1re compagnie de la 13e DBLE).
Le 1er octobre 1962, il est affecté au 1er Régiment étranger et prend le commandement de la compagnie d’instruction des cadres. Le 1er février 1964, il prend la fonction de chef du détachement de Bonifacio au Groupement d’instruction de la Légion étrangère. Le 1er juillet 1964, il est promu au grade de chef de bataillon. En septembre 1966, il rejoint Aubagne.
Le 1er août 1967, il est muté à la direction technique des armées et de l’inspection.
Le 26 juillet 1970 il débarque à Djibouti et prend la fonction de commandant en second de la 13e DBLE, retrouvant ainsi la Légion étrangère. Le 1er avril 1972, il est promu lieutenant-colonel.
Au terme de ce séjour outre-mer, il est affecté à la Direction du personnel militaire de l’armée de Terre (DPMAT) en octobre 1972.
Les perspectives opérationnelles devenant très réduites pour cet «homme de terrain», il quitte le service actif le 5 octobre 1974. Pour le compte de grandes entreprises françaises, Loïc Corbel s’investira dans la commercialisation d’équipements militaires. Il interviendra avec succès au Proche et Moyen-Orient, en Afrique, à Chypre et jusque dans le Pacifique.
Il quitte la vie active en 1987, modestement persuadé d’avoir servi, comme il le dit, «au mieux, souvent à grands risques» son pays pendant 38 ans, 26 années comme officier de l’armée de terre dont 17 au sein de la Légion étrangère.
Le colonel Corbel est marié et père de trois fils. Il est membre de l’amicale des anciens de la Légion étrangère de Nice.
Commandeur de l’ordre national de la Légion d’honneur, il est titulaire de huit citations et compte trois blessures de guerre.
Major Ambrosino Frédéric
Division Rayonnement et Patrimoine / Section Archives
| Ref : 655 | Date : 19-02-2019 | 25189