La fabrication de la crèche : un moment particulier pour le sergent-chef Benjamin
Dans quelques jours, le Sergent-chef Benjamin fêtera son 8eme Noël à la Légion étrangère. Pour la première fois cette année, son commandant d’unité lui a confié la réalisation de la crèche compagnie.
MZ : Chef, cette année vous allez devoir construire la crèche de Noël pour votre compagnie. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?
SCH Benjamin : Contrairement à Camerone, l'autre grande fête de la Légion étrangère, qui a un caractère plus martial, plus tourné sur le combat et le sens du sacrifice, noël est une activité plus dans l'esprit famille. Cela donne l’occasion aux légionnaires de participer à une fête qui privilégie la cohésion et permet de se retrouver dans des activités de groupe après une année intense. L’une de ces activités est la réalisation des crèches. A la Légion la crèche de Noël ce n’est pas une affaire de religion, mais plutôt de tradition et de fraternité familiale. Quelque chose entre nous... entre légionnaires... on est là, réunis derrière la devise legio patria nostra. Chrétiens, musulmans, bouddhiste, juifs, orthodoxes, païens ou athées, on s'en fiche, tout le monde s’y colle. Cette année c'est mon tour ! Et je suis fier de participer à ce moment fort, car le 24 soir nous serons tous ici, au quartier, pour le réveillon de Noël... et Noël c'est la crèche ! On a toujours fait comme ça !
MZ : Comment la fabrication de la crèche s'organise t'elle ?
SCH Benjamin : Premièrement, il faut un responsable par crèche. Dans les régiments opérationnels, c'est souvent le plus jeune des lieutenants de la compagnie. Ici, au 1er régiment étranger, c'est en général un sergent-chef ou un adjudant. Il compose ensuite son équipe de travail. Cette année je vais réaliser la crèche de ma compagnie avec 4 légionnaires pour m’assister. Certains ont de l’expérience dans la peinture ou la sculpture. A la légion on trouve toujours des gars doués de leurs mains. Ils m’apportent une aide précieuse sur le projet et ils peuvent montrer beaucoup de créativité. Il faut prendre en compte la partie électrique, savoir jouer avec la lumière et le son pour émerveiller le spectateur. Nous devons aussi concevoir le thème. Il illustre souvent des actions et des missions que les légionnaires ont vécues au fil de l'année.
MZ : Combien de temps avez-vous pour la réaliser ?
SCH Benjamin : C’est une course contre la montre. C'est à moi de prévoir le temps nécessaire : il faut la finir avant le 24 décembre au soir et être prêt pour pouvoir participer au challenge opposant toutes les crèches du régiment. Et la construction se réalise dans le plus grand secret. Il ne faut pas "dévoiler" ni le thème, ni le décor, aux autres compagnies. Pour moi, c'est rendez-vous sur objectif ! A la Légion toutes les missions sont sacrées.
MZ : En opération, les légionnaires construisent-ils également une crèche ?
SCH Benjamin : Faire une crèche de Noël en OPEX c'est différent. Il n’y a pas le temps et nous avons moins d’outils disponibles qu’en régiment. Dans ce cas, les crèches sont réalisées avec des bouts de bois ou tout ce que l’on trouve sur le terrain. On la réalise souvent en une après-midi seulement. L'important, c'est de préserver la tradition, de s'octroyer un moment de répit pour penser à nos familles, et être entre nous... je veux dire entre frères d’armes.
MZ : Un mot pour conclure ?
SCH Benjamin : Dans tous les cas, Noël, la crèche, la veillée, la fraternité, tout cela reste toujours un souvenir très fort dans la tête d’un légionnaire, qu’il soit nouveau ou ancien, car Noël c'est la fête légionnaire par excellence.
Interview réalisé par Mina ZEGGAR, stagiaire
Division rayonnement & patrimoine de la Légion étrangère
| Ref : 590 | Date : 15-12-2017 | 26479