Publié le 19/06/2017 à 08:18 | DRP
Depuis toujours la Légion étrangère a pris soin de ses blessés. Dès ses débuts, en 1833, elle mit en place en Algérie française, des centres de repos pour accueillir ses nombreux malades et blessés au cours des différentes conquêtes qu’elle menait sur tous les fronts. En 1934, ému par l’errance d’anciens légionnaires médaillés, cités, blessés, lorsqu’il débarqua un jour à Marseille, le général Rollet créa la Maison du légionnaire d’Auriol. Dans le même temps, d’anciens légionnaires aidèrent, de leur propre initiative, leurs camarades après leur réforme. En 1954, la Légion étrangère acheta le Domaine du Capitaine Danjou, à Puyloubier, et y installa l’Institution des invalides de la Légion étrangère pour l’accueil des nombreux blessés d’Indochine, puis d’Algérie.
En 2010, dans ce même esprit de solidarité et de gratitude, le général Alain Bouquin, alors commandant la Légion étrangère, décida d’instaurer une journée des blessés de manière à imposer à tous les régiments de Légion, au delà de leur rythme d’opérations et de leurs entrainements, un moment privilégié pour avoir une pensée vers les blessés qui, venus de très loin pour certains, avaient été victimes de leur devoir en servant la France et portaient dans leur chair les marques de leur courage, de leur loyauté et de leur détermination. Cette première journée des blessés de la Légion étrangère eut lieu à Aubagne, le 10 septembre 2010. C’est au cours de cette même période que fut créée la Commission de suivi des blessés de la Légion étrangère (CSBLE)[1], qui répondait au double objectif de mettre en place la structure d’un conseil de famille qui veille sur les siens, et de répondre à une directive du CEMAT relative au suivi des blessés.
Aujourd’hui, le parcours du blessé légionnaire s’inscrit pleinement dans celui de l’armée de Terre et en étroite liaison avec le Service de santé des armées et autres organismes compétents. La Légion étrangère apporte, en amont, mais aussi dans la longue durée, un appui complémentaire qui intègre la spécificité des militaires « servant à titre étranger ».
Témoigner collectivement notre attention à tous nos blessés
Cette année, la Légion étrangère participe donc, en parfaite symbiose avec l’armée de Terre, à la première édition de la Journée nationale des blessés qui se déroulera le 23 juin. Cette manifestation, sous l’impulsion du général BOSSER, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), vise à marquer une pause en cette période de fortes sollicitations qui pèsent sur l’armée de Terre : « J’ai souhaité que soit organisée chaque année, à la date anniversaire de la bataille de Solférino (1859), une journée nationale des blessés de l’armée de Terre. Cette journée n’est pas un événement de communication destiné à récolter des dons. C’est véritablement un temps d’arrêt et de rassemblement pour marquer collectivement notre attention à tous nos blessés ».
Pour le général COMLE, cette journée a plusieurs objectifs. Il s’agit avant tout de réaffirmer notre considération pour tous nos blessés en sensibilisant la communauté ″des Armées″, et plus largement nos concitoyens, sur le sacrifice de ces hommes servant la France à titre étranger. Cette journée est aussi un moment choisi pour mettre en lumière la cohérence, la complémentarité et la nécessité de toutes les différentes contributions extérieures et expliquer, à tous, l’action particulière d’accompagnement qu’offre la Légion au nom de son code d’honneur « Tu n’abandonnes jamais tes blessés » (Article 7). Chacun doit savoir que quoiqu’il advienne, il ne sera jamais seul.
En 2010, le général Bouquin disait à ses blessés : « Etre avec vous aujourd’hui, c’est aussi une manière pour moi de partager votre peine, vos difficultés, votre douleur, et parfois votre chagrin ou votre inquiétude, provoqués par ces blessures souvent irréparables qui vous ont touchés au plus profond de votre chair. Aujourd’hui, je suis là également pour vous témoigner la gratitude, le soutien et la solidarité de notre institution. Pour vous rappeler, très simplement, que la Légion ne vous abandonnera pas, car elle porte en elle la marque de chacune de vos blessures, et quand un légionnaire est blessé, c’est toute la Légion qui saigne. Pour vous assurer que, quoi qu’il arrive, dans cette étape difficile de votre vie, vous pouvez compter sur nous à chaque instant ». C’est cet écho que l’on retrouve dans les propos du général Maurin, commandant la Légion étrangère, à l’occasion de cette 8ème journée des blessés de la Légion étrangère : « Que cette journée soit dédiée aux légionnaires qui ont été meurtris dans leur chair, pour le service de la France, afin de leur donner un courage d’espérance ».
Le contact du régiment
Après le « sauvetage au combat » ou l’alerte médicale - réalisés par le binôme, le chef de groupe ou le chef de section - puis la prise en charge médicale dans l’immédiateté de la blessure, vient le suivi du blessé. Le soutien commence souvent par les visites qui sont faites dans les hôpitaux auprès de ceux qui sont en soins opératoires. En l’absence de la famille, ces visites sont primordiales et sont réalisées par les légionnaires et les cadres du régiment. Elles permettent au légionnaire blessé d’exprimer ce qu’il vit et de se faire aider par ses camarades, pour toutes ces choses inhérentes à une hospitalisation d’urgence. Chacun met un point d’honneur à ne pas laisser seul un légionnaire blessé. Ces visites durent tout le temps de l’inaptitude ou l’hospitalisation de proximité du blessé, à raison d’une visite quotidienne ou hebdomadaire. Le GRLE du fort de Nogent prend à sa charge les visites des blessés évacués dans les hôpitaux militaires parisiens.
La solidarité et l’accompagnement
Si les premiers acteurs, en particulier au cours des opérations, sont les spécialistes du service santé et les régiments, le commandement de la Légion étrangère (COMLE) entre, dès les premières heures, dans le processus de gestion du blessé et de sa famille, au titre de la Solidarité Légion et de la politique générale d’accompagnement du blessé.
Véritable tour de contrôle des blessés de la Légion, la Commission de suivi des blessés (CSBLE) est le rouage essentiel pour faire fonctionner une machine aux multiples acteurs. Créée en 2011, dans le contexte de la redéfinition des missions de la CABAT, elle gère aujourd’hui près de 560 blessés, en parfaite coordination avec la CABAT. La CSBLE est comme un conseil de famille qui se retrouve autant que nécessaire pour accompagner chaque cas, au fil des épreuves qui constituent souvent le long parcours du blessé.
Dans un premier temps, elle coordonne les services internes au commandement de la Légion étrangère (division sécurité, division RH) afin d’avoir un dossier « rectifié de situation militaire ». Il s’agit plus clairement de confirmer la filiation parentale du blessé, son état civil, sa situation familiale (enfants, mariage, etc…) et de prendre contact avec la famille. Puis, simultanément, le Foyer d’entraide de la Légion étrangère (FELE) prend à sa charge la médiation avec les différents acteurs afin de coordonner rapidement les procédures de prise en charge financière du blessé. Il s’agit, souvent dans l’urgence, et via les attachés de Défense des ambassades, de permettre à la famille de bénéficier d’un visa réglementaire, d’un transport, d’un accueil et d’un hébergement au plus près du blessé. Enfin la CSBLE, intègre tous les acteurs extérieurs dans le dispositif d’accompagnement pour permettre à chacun de trouver sa place, entre les régiments, le Service de santé des armées, les bases de défense, les associations et l’armée de Terre.
Tout blessé, dès lors qu’il bénéficie d’une interruption médicale de service de plus de trente jours, est intégré dans ce programme de prise en compte. Même lorsqu’il aura repris le service, qu’il sera reformé ou reconverti, il restera sur les comptes de la CSBLE. Il peut ainsi la solliciter à tout moment pour bénéficier d’un soutien : financement d’un appareillage, hébergement temporaire ou définitif au sein de la Maison du Légionnaire, à Auriol ; ou dans le Domaine du Capitaine Danjou, à Puyloubier, qui abrite l’Institution des invalides de la Légion étrangère (IILE).
La CSBLE ne se substitue pas au parcours mis en place par l’armée de Terre. Elle vient, en complément de la CABAT, apporter la solidarité Légion aux hommes qui ont été blessés en servant la France à titre étranger. La Légion le fait au nom de son code d’honneur, de la solidarité et de la reconnaissance qu’elle a vis-à-vis de ces hommes.
Et la Légion étrangère, pour ces hommes-là, quand la blessure conjuguée avec l'âge se rappellera à eux, ouvrira les portes de son Domaine du capitaine Danjou au pied de la Montagne Sainte Victoire, pour les accueillir.
Le 1er régiment étranger, le bras « armé » du COMLE
Dans le parcours du légionnaire blessé, dès lors qu’il dépasse les 120 jours d’interruption de service pour motif médical, l’étape d’affectation au 1er régiment étranger est incontournable. Le blessé quitte son régiment tout en restant au sein de la Légion étrangère. Il y poursuivra ses soins médicaux, sera visité par le personnel de la compagnie administrative du personnel de la Légion étrangère (CAPLE), y effectuera sa convalescence au Centre des permissionnaires de la Malmousque (CPLEM) jusqu’à son affection en régiment, sa réforme médicale ou son départ vers une reconversion.
Le 1er régiment a repris la fonction du Dépôt commun des régiments étranger (DCRE), dissous en 1955, et qui avait pour mission la gestion des effectifs et coiffait les services administratifs et les compagnies de passage. « Une fois le blessé en congé longue maladie ou congé pour longue durée maladie (CLM/CLDM), nous prenons son dossier en charge. Nous ne nous substituons pas au médecin, à l'assistante sociale, ou au responsable RH, mais nous sommes un peu tout ça à la fois. Nous sommes en contact avec tous ces intervenants pour orienter le blessé vers la bonne personne ou le bon service. Il est important pour nous de faire en sorte que nos blessés puissent bénéficier de tous leurs droits. », explique le chef de la section d’administration des isolés.
La solidarité, le supplément d’âme de la Légion
La solidarité n’est pas un vain mot à la Légion étrangère, elle est gravée dans le code d’honneur que chacun connait par cœur. C’est le supplément d’âme de la Légion étrangère. Elle s’exprime parfaitement dans le soutien que la Légion apporte au blessé au quotidien et dans la durée. C’est sachant cela que chaque légionnaire, militaire servant la France à titre étranger, accomplira sa mission jusqu’au bout, au péril de sa vie et en connaissance du risque de se voir blessé.
LA JOURNEE DES BLESSES
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[1] Sous son premier nom de commission d'accompagnement administratif et social (C2AS)
Par le lieutenant-colonel Bourban Jean-Philippe
Droit Légion étrangère 2017©BRN
| Ref : 563 | Date : 23-06-2017 | 49427