Publié le 10/05/2017 à 08:18 | DRP
La fraternité d’armes est un état d’esprit qui sous-tend naturellement toutes les relations d’hommes appelés à vivre intensément le service des armes, avec « la mort comme hypothèse de travail », pour reprendre l’expression du colonel Goya. Ce n’est ni une qualité, ni un dogme, ni une matière que l’on instruit, c’est plutôt une condition essentielle du principe de l’esprit de corps. Vous direz alors : « Mais qu’est-ce que l’esprit de corps ? ». C’est justement l’ensemble des valeurs qui forgent l’âme des combattants légionnaires : la discipline, le culte de la mission, l’amour du travail bien fait, le respect, la solidarité, la fraternité, l’honneur et la fidélité. L’adhésion profonde à ces valeurs rend possible la cohésion de ces hommes aux origines diverses, pour constituer une troupe moderne, efficace et au fort potentiel d’adaptation. L’esprit de corps se distingue aussi par la confiance tissée entre les légionnaires et leurs chefs, gage de fidélité de ces étrangers au service de la France. La fraternité d’armes, c’est la partie humaine du combattant… sa partie profonde.
Mais la fraternité d’armes peut également s’entendre comme fraternité entre formations. Elle répond à la même exigence que la fraternité d’armes entre deux légionnaires : un socle commun de valeurs. Cette fraternité d’armes n’est pas une nouveauté pour la Légion qui a toujours livré bataille aux côtés d’autres unités. A Narvik, en 1940, elle s’est engagée aux côtés des chasseurs et des troupes alpines, avec l’appui de la marine. En Indochine, en 1950, elle était avec des parachutistes coloniaux, des Tabors et des tirailleurs. En 1990, dans le Golfe, elle s’est lancée à l’assaut sous commandement américain, protégée par une couverture de l’armée de l’Air, avec des artilleurs, des marsouins et des équipages de l’aviation légère de l’armée de Terre. Plus récemment, comme par exemple en ex-Yougoslavie, en Afghanistan ou au Mali, les engagements se sont tous inscrits dans une triple logique : interarmes, interarmées et interalliée. Avec les autres armes, nous partageons certes des souvenirs, mais nous partageons surtout le même sang, comme des frères.
Le code d’honneur est la formalisation de ce dont nous venons de parler. Dans les années 80, ayant constaté qu’une partie des jeunes légionnaires manquait parfois de repères, mais aussi parce qu’il fallait nous assurer que chacun, venant de cultures différentes, se retrouve dans des principes communs, le Commandement de la Légion étrangère a décidé de rédiger un recueil de principes destinés à guider son action au quotidien, tant au plan personnel que dans le domaine professionnel. Il sert de guide et de référence à tout légionnaire. Il est également utile au chef dans sa compréhension du légionnaire et lui permettra d’enrichir son style personnel de commandement.
Plus précisément, le code d’honneur, structuré autour de sept articles, souligne en des mots simples, détachés des modes, et compréhensibles par chacun, quelle que soit sa culture, les valeurs de volontariat, de fraternité d’armes, de respect, de dignité, de rigueur, de solidarité et de sacrifice. Tout cela s’impose au légionnaire, et tout cela forme l’âme du légionnaire. Tout cela définit la fraternité d’armes.
Par le Lieutenant-colonel Jean-Philippe Bourban
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| Ref : 549 | Date : 10-05-2017 | 26492