Publié le 15/03/2017 à 16:55 | DRP
Le travail de la vigne commence sur les terres du Domaine du Capitaine Danjou, propriété de la Légion étrangère, à l’Est du village de Puyloubier. Nous sommes au cœur de l’appellation « Côtes de Provence», sur un terroir de tradition viticole où la vigne et le vin ont toujours tenu une place importante. En plus des vignes, la légion y cultive son supplément d’âme : la solidarité. Le Domaine est, depuis 1953, le lieu de repos des légionnaires à qui la Légion propose cette terre pour qu’ils se sentent chez eux après avoir servi activement dans les rangs des régiments opérationnels, et porté les armes au service de la France. La bastide du XVIIe siècle est le cœur du Domaine. Elle impose sa silhouette massive, gratifiée de deux tours rondes, sur les 220 hectares qui s’étalent sous les derniers contreforts de Sainte-Victoire. Les 40 hectares de vignes offrent des perspectives grandioses qui appellent à la promenade ou à la réflexion. Le soleil de Provence donne cet éclairage si particulier au panorama que Cézanne cherchait à capter sur ses peintures.
Les pensionnaires se mettent au rythme des vignerons et taillent la vigne dès la fin de l’hiver, après les fortes gelées. La vigne est, à ce moment, en repos végétatif et la sève est descendue. En rang, comme à la parade, les anciens remontent les alignements de pieds de vigne pour éliminer le bois mort. Puis sécateur en main, ils coupent les tiges qui poussent à la base du vieux bois. Il fait bon en ces premiers jours de mars. L’ambiance est à la plaisanterie, le verbe est espagnol, le geste italien, l’alignement allemand. Les accents s’entrechoquent comme dans toutes les unités de la Légion. Le temps s’écoule plus paisiblement, toujours au rythme raisonnable de 88 pas par minute… le pas de la Légion étrangère.
Au fur et à mesure, la tâche se fait plus précise sur les tiges qui ont poussé durant l’année écoulée. Le travail est délicat, la taille de la vigne repose sur la sélection des bourgeons que l’on appelle aussi des yeux. Les bourgeons les plus fertiles sont ceux qui apparaissent sur le bois d’un an, celui qui a poussé l’année précédente. La coupe doit laisser au moins 3 yeux par tige. Les mains rugueuses sont expertes et encore bien vigoureuses pour cette activité.
L’opération prendra plusieurs jours qui s’entrecoupent des premières balades autour de la montagne Sainte Victoire. Le Domaine compte huit cents pieds d'oliviers, des champs de blé, d'orge et d'aulx. Les collines de chênes et de pins sont clairsemées de pacages. Ici, le promeneur est russe, allemand et son meilleur ami est suisse. Les premiers randonneurs amènent une animation qui annonce le printemps.
Par petits groupes, les anciens iront ensuite répandre l’engrais pour fruitier, pour garantir une récolte abondante. Ils iront aussi « sculpter la vigne », lui donner une forme en gobelet ou en cordon selon la manière dont se fera la récolte en septembre.
La seconde taille attendra l’été, lors de la fructification. Puis viendra septembre et ses vendanges. Commencera alors le lent travail de « fabrication » du vin (maturation, fermentation, vinification, clarification, etc.), qui va de la récolte à la mise en bouteilles.
Le « vin de la solidarité » du Domaine du Capitaine Danjou arrivera enfin sur les tables. Il exprimera toute la complexité des cépages cultivés sur ce sol argilo-calcaire que les anciens ont défriché pour s'installer. L’ancien nous parlera alors du vin « rouge grenat intense, avec un nez de petits fruits noirs et une bouche complexe, équilibrée et persistante », il aura cet air fier et gaillard que l’on trouve déjà chez les plus jeunes.
Les 250.000 bouteilles de production annuelle sont vendues exclusivement au profit de l'entraide Légion étrangère.
Par le lieutenant-colonel Bourban Jean-Philippe
Droit Légion étrangère 2017©BRN
| Ref : 517 | Date : 15-03-2017 | 52501